La plupart des gens associent le risque dangereux de caillot sanguin à une maladie cardiaque. Mais saviez-vous qu’un cancer du poumon peut aussi vous exposer à un risque plus élevé de caillot sanguin ? Le type de caillot sanguin lié au cancer du poumon est appelé thrombose veineuse profonde (TVP) – et si vous suivez une chimiothérapie pour un cancer du poumon, ce risque augmente encore plus.
La TVP est un caillot sanguin qui peut se former dans les veines des cuisses, du bas des jambes ou du bassin. Si le caillot se détache et circule dans votre sang pour se loger dans vos poumons – ce qu’on appelle une embolie pulmonaire (EP) -, il peut mettre votre vie en danger. Ensemble, la TVP et l’embolie pulmonaire sont appelées thromboembolie veineuse (TEV). La MTEV est quatre fois plus fréquente chez les personnes atteintes d’un cancer que chez les personnes non atteintes. En fait, environ 20 % de tous les cas de MTEV surviennent chez les personnes atteintes d’un cancer, selon la National Blood Clot Alliance.
Une étude publiée en 2012 dans le European Journal of Cancer a examiné les dossiers de 46 patients atteints de cancer et de MTEV. Les chercheurs ont constaté que la TVP était plus fréquente chez les personnes obèses ou atteintes d’un cancer avancé, et qu’elle était plus fréquente chez les personnes atteintes d’un cancer du poumon. La plupart des caillots sanguins se produisaient dans les six mois suivant le diagnostic, et le symptôme le plus fréquent était le gonflement des jambes.
Une autre étude de 2012, publiée dans le Journal of Thrombosis and Thrombolysis, a examiné les taux de MTEV chez 7 052 patients atteints d’un cancer du poumon, dont 2 242 recevaient une chimiothérapie. L’étude a révélé que bien que les deux groupes aient un risque d’embolie supérieur à la moyenne, les personnes recevant une chimiothérapie avaient un risque 30 % plus élevé que celles ne recevant pas de chimiothérapie. La plupart des cas de MTEV sont survenus dans les six mois suivant le début de la chimiothérapie.
« De nombreux cancers augmentent le risque de formation de caillots sanguins », déclare le docteur Harry Raftopoulos, professeur associé d’oncologie médicale à la Hofstra North Shore-LIJ School of Medicine de Manhasset, dans l’État de New York. « Il s’agit notamment des cancers du poumon, ainsi que des cancers du pancréas et de l’estomac. Les cancers du poumon appelés adénocarcinomes muqueux peuvent présenter le risque le plus élevé. De nombreux facteurs associés au cancer, tels que la chirurgie, la chimiothérapie et l’inactivité, peuvent contribuer au risque de formation de caillots sanguins ».
Pourquoi les caillots sanguins sont plus fréquents avec le cancer
« Les caillots de sang sont courants dans tous les cancers », explique le docteur Jacques-Pierre Fontaine, chirurgien thoracique au Moffitt Cancer Center de Tampa, en Floride. « Le fait de se faire opérer d’un cancer du poumon augmente le risque, et nous protégeons systématiquement les patients en leur donnant des anticoagulants après l’opération ».
Avoir un cancer augmente la coagulation du sang d’une manière que nous ne comprenons pas complètement – mais « tout ce qui augmente la coagulation du sang augmente le risque de TVP et d’embolie », dit le Dr.
Voici comment le cancer et le traitement du cancer peuvent augmenter le risque de caillot sanguin :
- Les cellules cancéreuses peuvent libérer des substances chimiques qui stimulent l’organisme à produire davantage de caillots.
- La chimiothérapie peut endommager les vaisseaux sanguins ou réduire la production de protéines qui protègent contre la formation de caillots.
- Certains cancers produisent des substances appelées mucine, qui augmentent le risque de coagulation sanguine. Les cancers qui produisent de la mucine comprennent le poumon, le pancréas, l’intestin, l’estomac et les ovaires.
- La douleur et la fatigue liées au cancer peuvent entraîner une diminution de l’activité. Le manque de mouvement permet une meilleure coagulation du sang.
Prévention et gestion des caillots sanguins
La chose la plus importante que vous puissiez faire pour vous protéger des caillots de sang et des embolies est de connaître les symptômes. Les symptômes des caillots sanguins sont la douleur, la rougeur, le gonflement, la chaleur et la sensibilité à proximité du caillot. Les symptômes de l’embolie comprennent l’essoufflement, les douleurs thoraciques et l’expectoration de sang.
Si votre médecin suspecte une TVP, il peut procéder à une échographie (un type d’examen d’imagerie des vaisseaux sanguins qui utilise des ondes sonores). « Si un patient atteint d’un cancer du poumon continue d’être essoufflé lors d’une radiographie pulmonaire normale, il faut procéder à un scanner thoracique avec injection de colorant, ce qui est la meilleure façon de montrer une embolie pulmonaire. Les personnes atteintes d’un cancer du poumon peuvent déjà être essoufflées, il faut donc être conscient de ce danger », déclare le Dr Fontaine.
Le traitement de la TVP consiste à administrer des médicaments anticoagulants par injection sous la peau ou directement dans le sang. On peut également vous administrer des anticoagulants par voie orale. « Il peut être nécessaire de continuer à prendre des anticoagulants pendant six mois ou plus », ajoute le Dr Fontaine.
« Il n’y a pas suffisamment de preuves pour justifier l’administration d’anticoagulants aux personnes atteintes de cancer afin de prévenir les caillots sanguins, sauf lorsqu’elles sont à l’hôpital, ou pour prévenir les caillots sanguins chez une personne qui en a déjà eu un », déclare M. Raftopoulos.
La sensibilisation est essentielle pour protéger votre santé. « La meilleure façon de prévenir les caillots sanguins est de pratiquer une activité physique quotidienne, comme la marche. La meilleure façon de prévenir l’EP est de connaître les symptômes de la TVP et d’informer immédiatement votre médecin si vous présentez ces symptômes afin que vous puissiez commencer le traitement », explique M. Fontaine.