Une légende cherokee raconte l’histoire d’un brave âgé qui raconte la vie à son petit-fils.
« Fils », dit-il, « En chacun de nous, il y a une bataille de deux loups. L’un est le mal. Il est la colère, l’envie, la jalousie, le chagrin, le regret, l’avidité, l’arrogance, l’apitoiement sur soi-même, la culpabilité, le ressentiment, l’infériorité, le mensonge, la fausse fierté, la supériorité et l’ego ».
Il a poursuivi : « L’autre loup est bon. Il est joie, paix, amour, espoir, sérénité, humilité, bonté, bienveillance, empathie, générosité, vérité, compassion et foi ».
« Le même combat se déroule en vous, et en chaque autre personne aussi », a expliqué le sage aîné cherokee.
Le petit-fils y a réfléchi pendant une minute et a ensuite demandé à son grand-père : « Quel loup va gagner ? »
Le grand-père répondit simplement : « Celui que tu nourris. »
Je sens les loups s’attaquer les uns aux autres tous les jours. Toutes les heures. La plupart des minutes.
Une loup est très amère de ne pas pouvoir manger un morceau de tarte au potiron à l’Action de grâce sans subir les conséquences des fortes pensées de mort pendant les deux jours qui suivent, que le moindre morceau de sucre raffiné et de farine peut déstabiliser son système limbique – le centre émotionnel du cerveau – de manière si importante. Elle est en colère de devoir faire de l’exercice aussi intensément pas moins de six fois par semaine pour échapper à ses idées suicidaires. Elle est amère, en général, de devoir travailler si dur et d’être si disciplinée afin de connaître la même sérénité que celle dont disposent ses amis et sa famille en permanence.
L’autre loup lui rappelle que, alors que le reste du monde aimerait beaucoup être au régime mais ne peut pas faire preuve d’autodiscipline, elle devrait être heureuse que le fait de ne pas bien manger ait des conséquences si dévastatrices qu’elle n’aura jamais à faire un régime, car pour exister sans pensées suicidaires, elle doit toujours en faire un. L’autre loup dit, bien sûr, que l’exercice physique est parfois un frein, mais qu’elle devrait être reconnaissante d’avoir des jambes pour courir et des bras pour nager, qu’il y a beaucoup de personnes handicapées qui ne peuvent pas profiter de l’anesthésie temporaire de la dépression qu’un entraînement intense peut offrir.
Une louve croit que sa souffrance est unique, que personne ne peut comprendre l’angoisse qu’elle ressent. Elle éprouve du ressentiment envers ceux qui n’ont jamais voulu mourir, et souhaite pouvoir connaître ce genre de béatitude ignorante. Elle est fatiguée de raconter son histoire à des gens qui ne comprennent pas. Leurs expressions perplexes ne font que la rendre encore plus seule et lui envoyer des poignards dans le cœur.
L’autre explique que tout le monde mène une sorte de combat, que toute personne née sur cette terre a connu une sorte de souffrance. Ce loup lui dit d’oublier le personnage heureux que la plupart des gens essaient de projeter, que chaque foyer a versé ses propres larmes pour des tragédies et des peines, des angoisses et des peurs qui sont cachées au monde, mais qui sont néanmoins là.
Un loup croit que si les personnes qui font partie de sa vie pouvaient écouter ses pensées, elles l’abandonneraient à coup sûr. Elle construit un mur de pierre autour de son monde morbide afin de ne plus jamais être blessée.
L’autre lui rappelle qu’ils ne l’ont pas abandonnée pendant ces moments de tristesse, qu’ils l’ont soutenue pendant les heures les plus sombres et qu’ils sont toujours là. Le loup lui dit qu’elle peut être réelle et transparente, que la paix vient avec l’authenticité.
Un loup sait avec certitude qu’elle ne se sentira jamais mieux. Elle a renoncé à essayer d’aller mieux. Elle est fatiguée, désillusionnée et dégonflée. Après avoir ouvert son esprit à maintes reprises à de nouvelles idées et stratégies, et investi l’énergie nécessaire pour les poursuivre, elle n’a plus de place dans son cœur pour l’espoir.
L’autre lui rappelle qu’elle a jusqu’à présent réussi à surmonter les moments difficiles à 100 %, qu’il y a toujours de la place pour l’espoir, même si son cœur est dur comme le roc à force d’essayer et d’échouer et d’essayer et d’échouer et d’échouer encore une fois. Elle dit que bien que la dépression semble permanente, il n’y a rien de constant dans ce monde, que les biochimies évoluent, que les relations changent et que les situations changent, et qu’il n’y a pas une seule chose qui soit la même d’un moment à l’autre, donc il y a toujours la possibilité de recommencer, et que la guérison se produise.
Je suppose que je nourris les deux loups chaque jour.
Par inadvertance.
Quand je tends la main pour nourrir l’amour et l’espoir, l’autre loup me prend les friandises, et soudain je suis rempli d’envie et de colère. Je m’efforce de faire tout ce qu’il faut – bien manger, méditer, faire de l’exercice, prier, obtenir du soutien, aider les gens – mais la « maladie » présente des symptômes, et je dois alors recommencer.
Mais je connais ces loups maintenant.
Je sais combien le loup du désespoir peut être trompeur, mais combien la force de la compassion et de la bonté est puissante.
Tout ce que je dois faire, c’est continuer à essayer de nourrir le loup de la paix et de la bienveillance, de continuer à espérer et à avoir la foi même lorsque la bonne santé semble impossible, et l’autre finira par s’ennuyer et cessera de mendier de la nourriture.
N’oubliez pas de consulter une collection de podcasts – des interviews d’auteurs et de penseurs sur cette légende cherokee – sur le site oneyoufeed.net. Mon interview est diffusée le 9 décembre à 18h30 (heure de l’Est).