La pratique de la circoncision, c’est-à-dire l’ablation du prépuce du pénis d’un nouveau-né mâle, suscite la controverse depuis des décennies aux États-Unis. Tout récemment, un juge californien a rayé des bulletins de vote de la ville la proposition d’interdire la circoncision des garçons à San Francisco, déclarant que cela porterait atteinte à la liberté religieuse. Les mesures proposées auraient rendu illégal le fait de « circoncire, exciser, couper ou mutiler tout ou partie du prépuce, des testicules ou du pénis » des garçons de moins de 18 ans. Les contrevenants – quelle que soit leur religion – seraient passibles d’une amende pouvant atteindre 1 000 dollars ou d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à un an.
En 1999, l’Académie américaine de pédiatrie a publié une déclaration politique historique recommandant de ne pas pratiquer systématiquement la circoncision des garçons. Une nouvelle recommandation publiée en mai 2011 assouplit toutefois la position du groupe, conseillant aux parents de consulter leur pédiatre et de tenir compte de leurs traditions religieuses et culturelles lorsqu’ils prennent une décision concernant la circoncision.
« Ils sont désormais neutres sur la question », déclare Marjorie Milici, médecin, pédiatre au centre pédiatrique Baylor de Dallas. « Ils font osciller le pendule d’avant en arrière tous les deux ou trois ans. »
Le Dr Milici dit avoir constaté une baisse significative des circoncisions de routine depuis qu’elle a commencé à pratiquer la médecine il y a 18 ans. « Quand j’ai commencé à pratiquer, presque tout le monde se faisait opérer », dit-elle. « Maintenant, c’est 50-50. »
Chirurgie de la circoncision : Avantages et risques
Les recherches ont montré que la chirurgie de circoncision peut offrir certains avantages pour la santé. Les garçons ayant subi une circoncision du pénis sont moins susceptibles de contracter des infections urinaires et un cancer du pénis, et ils courent également moins de risques de contracter la syphilis et le VIH, des maladies sexuellement transmissibles. Ces affections peuvent apparaître plus fréquemment chez les hommes non circoncis en raison de l’effort supplémentaire nécessaire pour garder le prépuce propre.
A l’inverse, selon Milici, le risque de contracter ces maladies est très faible chez les hommes non circoncis qui prennent soin de leur prépuce, de sorte que cela ne devrait pas être une considération majeure lorsqu’il s’agit de décider de se faire circoncire. « Nous renforçons cette idée auprès des grands garçons et des parents qui donnent le bain aux petits garçons », dit Milici. « Une fois que vous pouvez complètement rétracter le prépuce, retirez-le et nettoyez-le chaque jour. »
De nombreux parents décident de renoncer à la circoncision en raison des risques associés à l’opération, comme les saignements et les infections. La douleur est également un facteur à prendre en compte. Des anesthésiques locaux sont généralement administrés aux nourrissons avant la circoncision, mais les jours de guérison qui suivent peuvent provoquer des douleurs. Une étude a également montré que les nourrissons circoncis réagissent davantage à la douleur des vaccinations plus tard dans la vie que leurs homologues non circoncis. « Beaucoup de parents ont lu sur ce sujet et ne veulent pas de cela », dit Milici.
Certains partisans de la non-circoncision affirment également que la procédure entraîne une perte de sensibilité du pénis, ce qui diminue la satisfaction sexuelle. Cependant, plusieurs études ont montré que la circoncision a peu d’effet sur la sensibilité.
Et bien que certaines personnes associent la circoncision à un dysfonctionnement érectile, il y a peu de preuves à l’appui de cette thèse, affirme M. Milici. « Ces hommes allaient de toute façon souffrir de dysfonctionnement érectile, quelle que soit la circoncision ? » demande-t-elle. « Il n’y a aucun lien que je connaisse. »
La tradition peut aussi être un facteur dans la décision de circoncire ou non. Certaines personnes, comme celles qui pratiquent le judaïsme, choisissent la circoncision pour des raisons religieuses. D’autres encore veulent que leurs fils subissent l’intervention pour qu’ils puissent ressembler aux autres hommes de leur famille. « Cela peut être une sorte de rite de passage », dit Milici.
Avertissements sur la circoncision
Les conditions médicales peuvent rendre la circoncision déconseillée. Les parents doivent examiner attentivement le pénis de leur nouveau-né après la naissance afin de vérifier s’il présente une hypospadias, une maladie rare dans laquelle l’ouverture urétrale se trouve sous le pénis. Les médecins remarqueront l’anomalie la plupart du temps, mais il arrive qu’ils la manquent. Les garçons atteints de cette maladie ne doivent pas être circoncis. « Un urologue aura besoin de ce prépuce pour allonger l’urètre et le mettre à la bonne place », dit Milici.
La circoncision est également déconseillée pour les garçons souffrant d’épispadias, une condition encore plus rare dans laquelle l’urètre s’ouvre sur le dessus du pénis.
Les garçons souffrant d’hypospadias et d’épispadias auront souvent l’air d’être « naturellement circoncis », sans prépuce. Si les parents remarquent cela chez leur fils, ils doivent demander à leur pédiatre un examen approfondi avant d’autoriser la circoncision.
En ce qui concerne la circoncision, les parents devraient prendre la décision eux-mêmes, dit Milici, mais elle ne la recommande pas comme une procédure médicalement nécessaire.