Ce type d’insomnie, appelé insomnie paradoxale, est également appelé perception erronée de l’état de sommeil. Auparavant, elle était considérée comme une maladie rare, présente – c’est du moins ce que nous pensions – chez au plus cinq pour cent des insomniaques. Nous savons maintenant que cette estimation est incorrecte. En outre, dans plusieurs études récentes, l’incidence est plus proche de 50 % lorsqu’elle est définie comme une perception erronée de l’état de veille d’au moins une heure ou plus par nuit.
Par conséquent, nous nous rendons compte aujourd’hui qu’il existe deux types d’insomniaques :
1) Ceux qui dorment plus de six heures par nuit mais qui ont l’impression de dormir moins ;
2) Ceux qui dorment en réalité moins de six heures, mais qui estiment avec précision leur temps de sommeil.
Pourquoi est-il important de différencier les deux groupes d’insomniaques ? Parce que ceux qui dorment réellement moins de six heures par nuit sont beaucoup plus susceptibles de développer de l’hypertension, du diabète et de mourir plus tôt que ceux qui ont une mauvaise perception de leur temps de sommeil. Ces découvertes sont potentiellement révolutionnaires pour notre compréhension du diagnostic et du traitement de l’insomnie. Par conséquent, nous avons besoin de données objectives afin de différencier ces deux types, car les approches de traitement efficaces sont différentes.
Ce que je trouve fascinant, c’est que ceux qui ont une mauvaise perception de leurs cycles de sommeil sont plus susceptibles de répondre à la TCC(thérapie cognitivo-comportementale), tandis que ceux qui dorment en réalité moins de six heures – le type de dormeurs courts – sont plus susceptibles d’avoir besoin de thérapies pharmacologiques. Pourquoi ? Il semble que les personnes qui dorment peu aient un niveau d’hyperexcitation physiologique sous-jacent. Ils ont des niveaux élevés d’hormones de stress telles que le cortisol et l’adrénaline, tandis que le groupe des personnes mal perçues semble démontrer que leur insomnie est davantage d’origine psychologique.
La bonne nouvelle, c’est qu’en médecine du sommeil, nous disposons désormais d’outils précis pour différencier ces deux types de médicaments. Nous disposons d’un appareil appelé actigraphe qui se porte comme une montre-bracelet sur le bras du sujet. Il établit une corrélation entre le mouvement et l’éveil et son absence avec le sommeil. Plus étonnant encore, une nouvelle forme de technologie appelée Profil du sommeil. Il enregistre les ondes cérébrales du sujet pendant la nuit à la maison, en différenciant précisément le sommeil de l’éveil et aussi les différents stades du sommeil. En fait, j’ai utilisé cette forme de technologie dans ma propre pratique avec beaucoup de succès.
Grâce à notre nouvelle compréhension de l’insomnie et à ces avancées technologiques, nous pouvons proposer à nos patients des thérapies fondées sur des preuves. Comme pour beaucoup d’autres choses en médecine, nous apprenons que dans le traitement de l’insomnie, il n’y a pas de solution unique.
Important : les points de vue et opinions exprimés dans cet article sont ceux de l’auteur et non ceux de Everyday Health.